Iliana Rupert, une prise de pouvoir encore retardée en Bleues
Ce devait être l’Euro de l’affirmation pour Iliana Rupert. Cantonnée à un rôle de rotation jusqu’en 2021, à 20 ans ou moins, la poste 5/4 est depuis devenue une joueuse importante sur la scène européenne. MVP de la saison LFB 2022-2023 avec Bourges, elle n’avait pas pu prétendre à un rôle à sa mesure à la Coupe du monde 2022. Championne WNBA avec Las Vegas, la Sarthoise était arrivée en Australie juste avant le début de la compétition. Cette fois, après avoir été championne d’Italie avec la Virtus Bologne, elle a pu rejoindre le groupe France dès la fin mai. Impressionnante d’adresse contre la Serbie sur le premier match de préparation, elle semblait être l’atout n°1 des Bleues. Mais dans une hiérarchie difficile à lire, elle s’est montrée plus discrète en phase de poule avant de se blesser à l’épaule pour le dernier match du premier tour. Si rien de grave n’a été décelé lors des examens du lendemain, l’ancienne pensionnaire du Pôle France a tout de même connu un gros coup d’arrêt dans sa compétition. Sans renoncer à revenir au jeu. « A partir du moment où je me suis blessée et qu’on m’a dit qu’il n’y avait rien de bien méchant et que tout allait dépendre de comment j’allais revenir, j’ai tout fait pour être présente », a-t-elle commenté après la petite finale gagnée. De retour à l’entraînement vendredi à la veille de la demi-finale contre la Belgique, Iliana Rupert s’est échauffée avant la rencontre. Mais elle n’est finalement pas entrée en jeu sur décision du staff. « J’étais apte à jouer. Même aujourd’hui (dimanche) mon épaule n’est pas à 100%. Ce sont des choix médicaux. Si il y avait eu une entrée sur le terrain, j’aurais donné le maximum sur le terrain, comme je l’ai fait aujourd’hui. »
Car a contrario, le staff a décidé de la lancer sur le terrain dès le premier quart-temps de la petite finale. Et en moins de 2 minutes, la joueuse de la Virtus Bologne a inscrit 7 points, avant de finir à 13 points à 6/11 aux tirs, 3 rebonds et 2 passes décisives en seulement 15 minutes. « Mon épaule me faisait mal à chaque fois que je mettais des paniers, ça me tirait un peu (sourire), mais ce sont des risques à prendre », a-t-elle avoué. « J’ai aidé mon équipe à aller chercher la médaille. C’est ça sur lequel je suis contente ». A aucun moment, la grande sœur de Rayan Rupert ne s’est permise un commentaire négatif au sujet du choix du sélectionneur Jean-Aimé Toupane de ne pas l’avoir fait jouer face à la Belgique. Sa coéquipière et camarade de la génération 2001 Marine Fauthoux était elle plus loquace à ce sujet. « Je trouve ça dommage qu’elle n’ait pu faire le match de samedi, regrettait-elle après la petite-finale gagnée face à la Hongrie (82-68). Je pense qu’on avait vraiment besoin d’elle. Ce (dimanche) soir elle a encore montré qu’elle était très forte. » Quant à Jean-Aimé Toupane, il est resté impassible à ce sujet : il assume le choix de s’être privée de celle qui est attendue comme la nouvelle intérieure de référence du basket français. « Sur un match aussi intense, c’était la mettre en danger, affirme-t-il. C’était mon choix. On prend en compte l’intégrité physique des joueuses. Avec 24 heures de plus, elle a pu apporter et je suis content de l’avoir revu sur le terrain. »
« C’est le début de quelque chose »
Appelée à prendre la succession de Sandrine Gruda, encore dans le cinq idéal de l’Euro mais normalement à la retraite internationale après les Jeux olympiques de 2024, Iliana Rupert va donc encore devoir attendre pour passer un cap chez les Bleues. « C’est sûr que individuellement la compétition a été compliquée. C’est frustrant de travailler toute l’année, sur les fenêtres, même individuellement en club, on se prépare pour ce genre de moment. Être un peu coupée nette, c’est un peu embêtant. » Mais avant tout portée sur le collectif, la fille de Thierry et Elham Rupert pense que cette compétition lance un nouveau cycle pour l’équipe de France. « On part quand même avec une médaille, c’est le début de quelque chose. Il y avait beaucoup de nouvelles joueuses, un nouveau staff donc on a concrétisé tout le travail qu’on a fait. C’est le premier pas pour la suite. […] Ce n’est jamais simple de perdre comme on l’a perdu hier (samedi) mais je pense que cela va beaucoup nous apprendre pour la suite, je l’espère en tout cas, et que ça être le début de quelque chose de beau. C’est un jeune groupe. C’est une nouvelle ère. » En espérant que la France puisse être amenée à prendre exemple sur la Belgique, qui monte en puissance depuis plusieurs années, et joue avec une alchimie exceptionnelle. « C’est sur qu’il faut qu’on arrive à jouer plus relâché, c’est là qu’on est plus efficace. C’est là où on prend du plaisir. Une fois qu’on est relâché, c’est dur à nous arrêter. Il faut qu’on arrive à avoir ça le plus longtemps possible et le plus souvent possible, que ça ne soit pas les montagnes russes. » Bénéficier de l’impact attendu d’Iliana Rupert pourrait permettre aux Bleues de prendre ce chemin.
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