Evan Fournier : « À partir de maintenant, on est des outsiders »
Evan Fournier a marqué 14 points contre le Japon
Evan Fournier (1,98 m, 31 ans) est revenu sur la victoire de l’équipe de France masculine contre le Japon, ce mardi 30 juillet après prolongation (94-90). Les Bleus s’en sont sortis de justesse, après un 3-points plus la faute de Matthew Strazel pour arracher la prolongation à 10,2 secondes de la fin. Il revient sur ce match fou et la suite de la compétition.
Evan Fournier, quel scénario… Quelle est ta première réaction sur ce match ?
On n’a pas fait un match parfait, loin de là, mais moi je donne beaucoup de crédit au Japon, qui ont joué avec beaucoup de cœur, ils ont été très adroits, ils nous ont mis dans des positions compliquées, parce qu’ils jouent extrêmement au large, ils jouent avec beaucoup de vitesse, ils sortent nos grands (loin du cercle), c’est pas ce qu’on fait de mieux, alors qu’on ne peut pas le passer, sauf que maintenant des grands, il y en a deux, donc compliqué, matchup compliqué.
🥵 Le miracle Matthew Strazel !
⚡️ Le jeune meneur a sauvé les Bleus d’un énorme couac contre le Japon avec ce 3+1 à 10 secondes de la fin.
🇫🇷 Victorieuse en prolongation, l’équipe de France est en quart des JO.
— BeBasket (@Be_BasketFr) July 30, 2024
Est-ce que vous avez tenté de jouer à leur manière, en début de rencontre, sur un rythme élevé.
Non, non, on n’a pas voulu jouer comme eux. Non, je pense pas. Au début, je trouve qu’on a essayé de mettre la balle à l’intérieur, etc. C’est juste qu’eux nous mettent dans des situations où… (Il y a) déjà beaucoup de switches, on se retrouve avec des grands en haut en tête de raquette, à garder des dragsters. C’est l’équipe qui met le plus de rythme dans le tournoi, ils tirent 40 fois à 3-points. C’est une équipe atypique et comme je l’ai dit, historiquement c’est un peu notre faiblesse des équipes comme ça. Et moi je trouve qu’ils ont très bien joué.
Comment as-tu vécu le 3+1 de Matthew Strazel. C’est l’un des petits nouveaux de l’équipe, à 22 ans…
Je suis content pour lui, – je suis content pour moi déjà parce qu’on a gagné -, mais je suis vraiment content pour lui parce que c’est un jeune qui a vraiment l’envie, qui a un parcours assez atypique. C’est clairement je pense le plus gros tir de sa carrière. Il faudrait lui demander mais c’était magnifique. Puis en plus il met le lancer derrière, c’était clutchissime.
Est-ce que vous avez eu peur que les JO pouvaient vous échapper ?
Le match oui, mais dans le match on ne se projette pas comme ça. Dans le match tu penses à l’instant. C’est vrai que quand on passe à -4, tu te dis putain, il va nous échapper ce match. Avec ce groupe, des matches comme ça, je ne sais pas c’est le combienième, on en a vécu pas mal.
N’est ce pas inquiétant que l’équipe de France, avec son statut, doive en passer par toutes ces péripéties pour atteindre le Top 8 ?
Mais quel statut on a ? Vice-champion d’Europe, vice-champion olympique : c’était il y a 2-3 ans les gars, on joue différemment, on veut développer un jeu différent. Chaque année tu recommences à zéro. Je peux te dire que quand on arrive aux Jeux, on ne se dit pas qu’on est troisième champion du monde, on s’en fout. Chaque année ça recommence à zéro, il faut tout le temps prouver, il faut tout le temps avoir faim. Moi je dis qu’on n’a aucun statut, on est des outsiders et on essaie de bouffer.
Est-ce que ça peut déclencher un déclic? Alors je sais que c’est de l’anticipation, on ne sait pas ce qui va se passer, mais est-ce que tu penses que ça peut déclencher un déclic, cette victoire à l’arraché? Là vous allez jouer peut-être avec moins de pression quelque part sur le prochain match, parce que les quarts de finale seront peut-être bouclés.
Écoute, moi comment je vois les choses, ou en tout cas comment j’aimerais qu’on voit les choses, là c’était les deux matchs où on était favoris, et à partir de maintenant pour moi on est des outsiders. Et peut-être que ça va nous faire mieux jouer, je ne sais pas. Moi j’ai l’impression que ce groupe, celui depuis 2019, on joue mieux comme ça. On joue mieux quand on a la dalle etc. Et donc écoute, je ne sais pas, parler de déclic je ne pense pas. Cela va peut-être nous libérer. Peut-être que c’est bon signe de gagner des matchs vraiment de justesse comme ça.
A titre personnel ce soir, du coup t’as pu avoir un peu plus d’espace, de tentatives de tir, avec ce panier à la fin, quelques petits drives, qu’est-ce que ça t’apporte pour la suite ?
J’essayee de m’adapter, j’ai été malheureusement maladroit sur la fin. Franchement tous les tirs que j’ai pris je les kiffais, je me sentais bien, si c’était à refaire je les reprendrais. Mais je continue d’être agressif. Je ne me cacherai jamais de prendre mes responsabilités. Après, j’essaie de m’adapter en fonction de ce qui se passe aussi. C’est vrai que sur le quatrième quart-temps, quand tu vois qu’il ne se passe pas grand-chose, j’essaie un peu de pousser. Je n’ai pas eu beaucoup d’adresse, à part sur ce tir là. Franchement, je ne me prends pas la tête. Je n’ai rien à perdre.
Est-ce que stratégiquement, ce n’est pas compliqué ? On voit que vous vous ajustez dans les deux matchs, mais aujourd’hui ça ne paye pas. Il y a toujours des changements de cinq. On dirait que vous n’arrivez pas à trouver la formule pour être très efficace ?
Oui, ce n’est pas faux. Ce n’est pas faux. Je ne sais pas quoi dire.
A Villeneuve d’Ascq,
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