Dans la musique comme dans le sport, Manuel Coudray (Vanves) alias Manu Key, un coach dans l’âme
A la conquête de ses rêves d’adolescent, Manuel Coudray a connu une riche carrière dans le monde du rap pendant près de vingt ans, accompagnant Kery James à ses débuts au sein du groupe Ideal J, puis la Mafia K’1Fry, en tant que rappeur-producteur-réalisateur.
Depuis 2010, celui que l’on surnommait alors « Manu Key » s’est donné un nouveau défi, celui de s’épanouir dans son autre passion, le basket, et plus précisément le coaching. Ancien meneur de jeu, capitaine puis coach au sein de son club de cœur de l’AS Orly, il n’a finalement jamais cessé de coacher, endossant ensuite le costume de manager et directeur artistique dans la musique puis d’assistant coach en Nationale 1 sur le banc de Vanves depuis le début de la saison dernière.
A l’occasion de la sortie de son livre « Les liens sacrés » qui sort le 27 novembre, Manuel Coudray s’est posé avec BeBasket pour évoquer sa nouvelle vie.
Manu, entre tes débuts en tant que manager du groupe, de rappeur, puis réalisateur d’albums, producteur, et aujourd’hui coach en Nationale 1 à Vanves, on s’aperçoit que tu as été coach tout ta vie ?
Oui, c’est ce qui résume un peu le bouquin. J’ai été quelqu’un de fédérateur, dans la connaissance des identités de chacun pour pouvoir partir d’un projet et arriver à une finalité. C’est un peu pareil en tant que coach. Ça fait partie de ma vie, je ne sais pas par quelle transmission j’ai fait ça, mais je l’ai fait tout naturellement en étant jeune, et j’ai continué. Ça a donné ce que ça a donné dans le rap, et en tant que coach, j’essaie aujourd’hui d’appliquer les mêmes exercices.
D’où te viens cette passion pour le basket ?
J’ai joué pendant dix ans au foot. Et depuis chez moi, j’ai pu voir la construction du gymnase Robert Desnos (Orly). Il était à cinq mètres de chez moi et je l’ai vu sortir de terre. Et un jour, j’entendais qu’il y avait un match, un dimanche après-midi, et j’ai voulu voir. C’était les filles qui jouaient à l’époque en Pro B, et je découvre un sport formidable, avec du monde, c’était spectaculaire, ça tirait de loin, il y avait une ambiance de fou. Et tout de suite, j’ai été pris de passion par ce sport et j’ai cherché à en savoir plus par les copains de l’école. C’est comme ça que ça a commencé. Et c’est dans ce même gymnase que j’ai fait la rencontre de Lahaou Konaté, Ludovic Negrobar, Magali Mendy, qui sont dans le haut niveau aujourd’hui.
Quel a été ton parcours de basketteur ?
J’ai joué dans toutes les catégories jeunes à l’AS Orly en espoir, ensuite j’ai très vite basculé sur l’équipe sénior, à 21 ans. On a fait plusieurs montées consécutives, ensuite le groupe s’est un peu essoufflé, j’ai donc pris le capitanat à 26 ans. Et on a fait ces montées de promo-région jusqu’en Nationale 3. Après, le club ne voulait plus investir sur les garçons, donc on a été rétrogradés. On m’a demandé de reprendre cette équipe, et je ne voulais pas la laisser mourir comme ça après y avoir consacré beaucoup de mon énergie pendant 20 ans. J’ai repris l’équipe en 2009, je n’avais pas de diplômes, et j’ai commencé à les entraîner, tout en jouant un peu la première année. Et on est montés sur cinq années consécutives. Je me suis pris de passion, ça m’a plu. J’ai entraîné les petits, les filles, j’ai commencé à passer des diplômes et jusqu’à aujourd’hui, ça reste un métier qui me passionne.
A quel moment t’es tu tourné vers le coaching de façon plus sérieuse ?
A partir de 2010, lorsqu’on m’a dit que c’était nécessaire parce que je commençais à monter en régionale. Je n’avais pas vraiment conscience de tout ça, je le faisais surtout pour l’équipe. J’ai commencé à passer plusieurs diplômes, le CQP et cette année le diplôme d’état.
Est-ce qu’il y a des similitudes entre diriger un collectif de rap et un groupe de basketteurs ?
Bien sûr , il y a énormément de similitudes. Déjà, parce qu’on est sur l’humain. C’est apprendre à déceler les caractères de chacun, parce que chacun est différent. Ça c’est très important, parce que c’est là qu’on va mettre le doigt sur qui est le leader, qui est un peu plus grincheux, c’est exactement le même process que lorsque tu es entraîneur. A partir de là, on construit un projet, dans la musique comme dans le sport, qu’on doit accomplir, du début jusqu’à la fin. Il y a d’autres aspects à respecter, que ce soit aller en studio et devoir ressortir à une certaine heure avec une qualité de son, ou en tant qu’entraîneur, gérer la logistique, les déplacements, il faut être à l’heure. Et puis cet aspect fédérateur, d’unir l’esprit d’équipe, le partage. Dès qu’on a un groupe, forcément, il y a des valeurs à respecter.
Tu as passé quels diplômes et est ce que tu continues à suivre des formations ?
En 2018, j’ai passé mon diplôme de préparateur physique à l’Insep que j’ai validé. Et cette année je suis en fin de certification du diplôme d’état, plus du DEFB, qui est une formation en deux diplômes. J’ai validé d’abord le côté terrain avec le Dejeps qui était au CFA de Chalon-sur-Saône. Et là je suis en certification pour le DEFB avec la fédé, qui me permet d’être assistant au haut-niveau, que ce soit Pro B ou Jeep Elite, avec ma formation de préparateur physique en parallèle.
Tu parles notamment de Ludovic Negrobar, Lahaou Konaté et Magali Mendy que tu as vu faire leurs premiers pas et qui sont des pros aujourd’hui. Quels sont les premiers souvenirs marquants que tu retiens d’eux ?
Lahaou, je l’ai vu la première fois à 12 ans. On m’avait demandé de récupérer l’équipe de minimes qui était là, et ça m’arrangeait parce qu’ils s’entraînaient avant nous les séniors. Et je vois ce petit jeune, qui dribble beaucoup, avec une certaine facilité. Je l’ai tout de suite mis capitaine de l’équipe. Il était toujours nerveux, il y arrivait plus facilement que les autres. Je l’ai ensuite suivi lors de son parcours. Je connaissais aussi son grand frère, Toumany. Ludovic Negrobar, lui, était très grand, mais ne savait pas du tout jouer au basket. Je l’ai aidé à reprendre goût au basket alors qu’il avait été délaissé. J’avais envie qu’il réussisse à dunker et faire des double-pas, il a avancé à son rythme et lui aussi a beaucoup progressé ensuite. Magali, c’est plus particulier, elle était déjà en Nationale 3. Je connaissais son grand frère. On a sympathisé, je l’ai vu évoluer. Et j’ai toujours accompagné chacun dans leurs missions, ils me demandaient conseils sur ce qui semblait être le plus judicieux, et ce tout au long de leur parcours, comme un conseiller, un grand-frère, comme je le suis depuis le début.
Tu es assistant coach en N1 depuis deux saisons avec Vanves, comment ça se passe ?
Ça se passe super bien, de mieux en mieux. J’ai cette opportunité de connaître le haut-niveau, même si j’y arrive sur le tard, il n’y a pas vraiment d’âge. Je découvre ça à Vanves en Nationale 1, à proximité de chez moi, dans un club assez familial avec des anciens pros comme Raphaël Desroses, Miguel Buval et surtout le coach qui est là depuis une vingtaine d’années. Ce n’est pas rien. Il a une confiance totale des dirigeants, de l’entourage, et ça se passe plutôt bien.
Quel est ton travail au quotidien, en général ?
Je suis sur des missions comme préparateur physique, travail individuel des joueurs mais pas que, accompagner le groupe, être un peu le bouclier du coach, à qui je peux faire des retours sur certains points. La première année, ça a été un peu difficile car j’avais ma formation en même temps. Là, vraiment, je suis impliqué à 200%, en connexion avec les coachs, les joueurs, les dirigeants, le président. Ça m’enrichit chaque jour. On est élèves du terrain chaque jour, on apprend chaque jour et pour moi c’est une super opportunité.
La première année a été difficile pour Vanves, cette année vous semblez mieux armé avec les arrivées de Clément Pingault, Gilles Duro et Marc Judith ?
On est plus équilibrés, on a pris conscience que la Nationale 1, ça va vite, c’est assez professionnel. On n’est plus le petit Poucet, et on se dit qu’on a les capacités de faire mieux. La preuve, on est à 2 sur 4. On a soigné nos blessures, on a pris des joueurs capables de scorer, de défendre. On a mis le doigt sur ce qui n’allait pas. On a débuté avec une vraie préparation, des entraînements intenses, on a un jeu mieux construit, et toujours dans une dynamique positive, de la régularité dans ce qu’on veut faire. Je trouve qu’on a vraiment un groupe complémentaire cette année. Le groupe vit bien, ça se passe bien à l’entraînement, on en repart avec le sourire et surtout, ça travaille dur.
L’objectif reste le maintien ?
Tout à fait, et gagner des matchs à l’extérieur, ce qu’on n’avait pas réussi à faire l’an dernier et qu’on a fait cette saison en allant gagner aux Sables. Prendre les matchs un par un mais pas comme le petit Poucet, arriver à jouer les yeux dans les yeux, peu importe l’adversaire
Quelle est l’équipe ou les deux équipes, qui selon toi, sont les mieux armées cette saison en N1 ?
Je pense que c’est très costaud du côté de La Rochelle. Du côté de Tours aussi, c’est très armé. Je dirais ces deux grosses équipes. Après on sait que tout peut arriver. La valeur se crée sur le terrain.
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