Saint-Quentin au bout de son rêve : champion de France Pro B, le SQBB retrouve l’élite 31 ans après !
Lancé par une longue passe de l’autre ancien du groupe, William Pfister, Benoît Gillet n’a pas tergiversé : le shooteur a planté ses appuis sans dribbler et a dégainé à trois points. Le shoot du titre (68-54, 36e minute). Transporté par l’émotion, le capitaine a signé son panier d’une célébration au sens équivoque. « Ici, c’est Saint-Quentin », a-t-il montré au public. Mais ici, c’est aussi surtout chez lui, avec une signature au club en 2017 alors que le SQBB venait d’être rétrogradé en Nationale 1.
L’histoire du club axonais est bien plus grande que Benoit Gillet mais il incarnera désormais une large partie des aléas de son passé contemporain, de la NM1 à son premier titre de champion de France Pro B. Il pouvait déjà se vanter d’avoir été le meilleur marqueur du match qui a propulsé Saint-Quentin dans l’antichambre en 2019 (19 des 58 points du SQBB contre Le Havre). Il pourra désormais dire qu’il a été le capitaine de l’une des plus belles équipes jamais vues dans l’Aisne, couronnée ce vendredi au terme d’une ultime victoire contre Angers (83-72). « C’est incroyable d’avoir vécu les deux montées », souffle l’Auxerrois, chambré par ses coéquipiers à côté. « C’est notre capitaine, il est trop fort », lance l’amuseur public Lucas Boucaud. « J’espère que dans l’article, tu mettras qu’il a de très belles Dunk », ajoute, à notre attention, Mathis Dossou-Yovo, montrant les Nike vertes du capitaine. « Mais toi, tu es MVP grand », répond ce dernier.
« La victoire du collectif et de l’humilité »
Un groupe qui vit bien, ça ne fait pas tout. Mais en l’occurrence, cela a bien aidé. « Cette équipe a une âme », indique Julien Mahé en conférence de presse, presque sonné par la portée de l’évènement. « Je ne réalise pas. C’est incroyable, vraiment incroyable. Personne ne peut dire qu’on avait la meilleure équipe sur le papier. Je suis tellement fier de ces 10 garçons qui ont su aller chercher des choses insoupçonnables. C’est la victoire du collectif et de l’humilité. »
La victoire d’un public, aussi, d’un territoire qui vit pour son club. À Saint-Quentin, le SQBB est l’attraction majeure. 30 minutes avant l’entre-deux, le Palais des Sports Pierre-Ratte était plein à craquer et, dehors, quelques déçus de la billetterie s’étaient donnés rendez-vous sur le parvis pour regarder la rencontre sur écran géant. « Sans nos supporters, on n’en serait pas là aujourd’hui », insiste Julien Mahé. « C’est un appui extraordinaire, qui nous a souvent portés. » Comme ce vendredi, contre Angers, lorsque l’EAB posait de gros soucis au SQBB. « En terme de nombre, ce n’est pas pareil mais en terme de ferveur et de soutien, je pense que c’est comparable avec les grands clubs d’Europe », s’enflamme William Pfister.
Un fringant quinqua
Officiellement, en début de saison, l’objectif de Saint-Quentin était « un maintien confortable, et plus si affinités ». Évidemment, à l’intérieur d’une équipe qui avait terminé deux fois d’affilée à la troisième place de Pro B, les ambitions étaient plus élevées que seulement ça. Mais viser le titre ? Jamais. « On a eu une opportunité, une chance et on l’a saisi », résume Melvin Ajinça. Mais au fur et à mesure des semaines, presque toutes passées en tête depuis la 6e journée, le SQBB s’est pris au jeu. Début avril, lors du sommet à Chalon, les Picards ont limité les dégâts, préservant le panier-average pour seulement trois petits points… « Quand on dit aux gars que tous les détails sont importants, on monte pour trois points », sourit Julien Mahé, qui s’est évertué tout au long des derniers mois à enlever de la pression à son équipe, pas du tout programmée à monter avec seulement le 11e budget du championnat. Mais comment faire autrement que se mettre à y penser en abordant le sprint final à la première place, avec ce tournant du 18 avril, la victoire à Denain combinée à l’effondrement de Chalon contre l’ASA ? « La dernière semaine a été très longue », admet le technicien breton. « On a beau dire l’inverse mais on ressentait tous une pression supérieure, c’est logique. De plus, je craignais énormément Angers, qui est une équipe à l’opposée de nous. »
Effectivement, l’EAB a fait couler quelques sueurs froides dans les travées de Pierre-Ratte, profitant du stress axonais pour rapidement compter 6 points d’avance (13-19, 9e minute) ou revenir à -2 dans le troisième acte (54-52, 29e minute), contenant le SQBB à un seul panier marqué pendant l’immense majorité de ce quart-temps. Mais Loic Schwartz, notamment, a su débloquer les situations, en plus d’une folle adresse à trois points (14/30), compensant la fébrilité aux lancers-francs (9/20). Après, le match en lui-même, qui s’en souviendra réellement ? Pas grand monde. On se rappellera simplement que Saint-Quentin a vécu une soirée pour l’éternité ce vendredi 12 mai 2022, retrouvant la Betclic ÉLITE exactement 30 ans après sa descente au purgatoire. En 1993, le SQBB remontait en Pro A, affrontait même, avec son étiquette d’équipe de N1B, le Limoges CSP champion d’Europe au cours de la formule de playoffs la plus alambiquée de l’histoire du championnat (et pourtant, il y a de la concurrence) mais devait renoncer à son accession à cause d’une liquidation judiciaire renvoyant le club aux oubliettes, direction la Nationale 4. « Depuis que je suis arrivé, on me parle de la Pro A des années 80-90 », glisse Julien Mahé. « Je suis tellement heureux de pouvoir leur redonner ça. Et il y aussi la nouvelle génération, des jeunes qui découvrent la passion du basket et du SQBB avec nous. » Difficile, en plus, de rêver meilleur timing pour les 50 ans du club à la rentrée… Un quinqua qui peut (re)découvrir le grand monde !
🚿 Julien Mahé sous la douche à Saint-Quentin.
🎥 @judumelie pic.twitter.com/niQhqzhNTP
— BeBasket (@Be_BasketFr) May 12, 2023
À Saint-Quentin,
Commentaires