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ITW Philippe Da Silva sur l’après Donnadieu : « Ce n’est pas de la pression, mais de l’excitation »

Betclic ELITE - Philippe Da Silva va succéder à Pascal Donnadieu en tant que coach de l'équipe professionnelle de Nanterre en 2024-2025. Une passation prévue de longue date. Alors que l'intersaison bat son plein, l'ancien meneur de jeu s'exprime sur son rôle à venir.
ITW Philippe Da Silva sur l’après Donnadieu : « Ce n’est pas de la pression, mais de l’excitation »

Philippe Da Silva va prendre en main Nanterre.

Crédit photo : Laurent Staskiewicz

Philippe Da Silva aura la lourde tâche de succéder à Pascal Donnadieu sur le banc de Nanterre la saison prochaine. Une mission que l’ancien meneur d’Évreux aborde sereinement, avec l’ambition de perpétuer la philosophie de jeu et la tradition de victoires du club des Hauts-de-Seine. Entretien.

Nanterre a réalisé un superbe exercice 2023-2024, au-delà de toutes les attentes (5e du championnat de France, finaliste malheureux de la Leaders Cup). Quel bilan tirez-vous de cette saison ?

Je tire un bilan plus que positif. Au final on n’est pas loin de gagner un trophée. On échoue de peu en finale de la Leaders Cup face à Paris, l’autre équipe sensation de la saison avec Monaco. On a été compétitifs en championnat tout au long de l’année. On a été réguliers. On a réussi à redevenir une forteresse à domicile, ce qu’on avait eu du mal à faire l’année précédente avec toutes les blessures qu’on a connu. Quand tu finis derrière le big 4 (Monaco, Paris, l’Asvel et Bourg), tu peux te dire que t’as fait une saison pleine. Et terminer à 20 victoires dans une Pro A aussi compétitive, c’est remarquable aussi. Ça veut dire que ta saison est réussie. La cerise sur le gâteau pour moi, c’est d’avoir pu tirer les bénéfices du travail réalisé dans la continuité des deux dernières années.

Pensez-vous que la possibilité d’offrir à Pascal Donnadieu la plus belle des sorties a pu jouer psychologiquement au niveau de l’organisation et des joueurs ?

En ce qui me concerne, j’avais cette envie d’offrir à Pascal une sortie en beauté. Qu’il puisse terminer de la meilleure des façons. Inconsciemment, ça a peut-être aussi été le cas pour les joueurs. Essayer d’amener encore un petit plus de soi, de sérieux, de travail pour essayer de finir correctement pour cette figure du basket français.

« La philosophie de jeu ne changera pas »

Vous vous apprêtez à prendre la succession de Pascal, dont vous êtes l’assistant depuis 6 ans, à la tête de l’équipe. Comment appréhendez-vous les choses ? Ressentez-vous une pression particulière par rapport à cet « après » ?

Pour moi, ce n’est pas de la pression, c’est de l’excitation. Au regard de la manière dont on travaille avec Pascal, qui responsabilise beaucoup les gens qui l’entourent, j’ai été mis très rapidement dans le bain. Que ce soit au quotidien dans les entraînements ou lors de la présaison, j’ai souvent été amené à prendre le lead. Gérer seul une présaison, c’est mettre une philosophie défensive et des principes offensifs en place, créer une cohésion de groupe, être capable de s’ajuster au gré des aléas, des blessures, l’enchaînement des matchs. Tu te retrouves à gérer les mêmes problématiques que celles d’un coach. Avec la période Covid j’ai été amené à coacher des matchs. Idem cette année sur les premiers tours de Coupe de France. Au total, j’ai coaché un total de 12 matchs officiels. Alors maintenant, il s’avère que je vais être le premier décideur, que je vais devoir réagir sur l’instant aux évènements des matchs, mais au final c’est une situation qui est venue naturellement. Je ne ressens donc pas la pression de quelqu’un qui prendrait en main une équipe pour la première fois.

Qu’est-ce qui différencie votre philosophie de jeu de celle de Pascal Donnadieu ? Peut on s’attendre à voir la JSF pratiquer un basket similaire, fait de mouvement et de rythme ?

Il y aura beaucoup de similitudes, car on s’adapte aux tendances du basket moderne. On va continuer de jouer à un rythme élevé, en essayant de trouver un équilibre entre la liberté laissée aux joueurs, offensive comme défensive, et le cadre qu’on leur impose. La qualité des joueurs augmente tellement qu’on est obligés de continuer sur ce schéma-là. Il y aura clairement des similitudes dans la philosophie de jeu. D’autant que le public s’est identifié à ce style de jeu, à ce basket ouvert et rythmé. Un basket que j’aime profondément. Avec de la prise de risque, de l’agressivité des deux côtés du terrain. Après j’y mettrai forcément ma patte en tentant des choses qui me sont propres, mais la philosophie de jeu ne changera pas.

« Nanterre a souvent servi de tremplin »

Vous parlez d’une approche moderne du basket de Pascal. Qu’entendez-vous par là ?

Pascal Donnadieu a transmis le flambeau à Philippe Da Silva tout au long de la saison. (Photo : Lilian Bordron)

Pascal a très vite compris qu’il devait s’adapter aux joueurs qu’il avait, en leur laissant une certaine dose de liberté. Il coachait déjà avec cette approche lors du titre de champion de France en 2013. C’est quelque chose que j’ai pu observer en arrivant à Nanterre. En tant qu’ancien joueur, meneur qui plus est, on peut parfois souhaiter que tout soit réglé comme une horloge. Mais aujourd’hui c’est vraiment l’équilibre entre la liberté laissée au joueur et ce fameux cadre qu’il faut trouver. Être capable de responsabiliser l’ensemble des joueurs et faire en sorte que la balle vive le plus possible. Le basket que j’ai connu comme joueur à mes débuts est définitivement révolu. On ne peut plus jouer comme ça. Et c’est pour cela qu’il faut être capable d’évoluer et de s’adapter. Pour ma part, je participe à beaucoup de « clinics ». D’ailleurs cette semaine je serai au Portugal pour assister à celui de Josep Maria Izquierdo, l’assistant de Zeljko Obradovic au Partizan, en compagnie notamment de Pablo Laso (actuel coach du Bayern Munich, passé 11 années durant sur le banc du Real Madrid). C’est essentiel pour s’approprier les nouvelles tendances. Le meilleur exemple, c’est d’ailleurs Zeljko Obradovic lui-même, dont le coaching au Partizan Belgrade cette saison n’a rien à voir avec celui qui était le sien au Fener, au Pana ou à Madrid. Les qualités des joueurs évoluent, les règles évoluent. Il faut pouvoir évoluer avec les mentalités et les tendances du basket moderne.

Plusieurs joueurs majeurs ont d’ores et déjà quitté le club (Juhann Begarin, Joël Ayayi, Justin Bibbins, …). Comment expliquez-vous ces nombreux mouvements ? N’y avait il pas le souhait de remettre le couvert avec cette équipe pour essayer d’aller plus loin encore l’année prochaine ?

C’était clairement notre souhait. Celui de Pascal, le mien, et celui du club. Conserver l’ossature. Garder des joueurs qu’on avait depuis deux ans pour continuer à proposer notre basket. Mais on se rend compte qu’en réalisant une grande saison, on expose les joueurs, qui sont logiquement très sollicités en fin de saison. Et derrière, ça leur permet d’aller chercher de meilleurs contrats. Et on ne leur en veut surtout pas pour ça. Nanterre a souvent servi de tremplin. Justin Bibbins (1,73 m, 28 ans) l’an dernier, on lui a vendu cette volonté de faire une saison pleine, d’avoir les clés du camion et de pouvoir exprimer pleinement son potentiel. Résultat il signe en Italie dans la foulée. Joël Ayayi (1,93 m, 24 ans) c’était sa première expérience en France comme joueur professionnel, et il a été convoité par des clubs plus puissants financièrement. À Nanterre, on se retrouve malheureusement souvent dans cette situation-là. Maintenant il y a aussi des bonnes nouvelles. On a réussi à garder Lucas Dussoulier (2,03 m, 27 ans), à resigner Desi Rodriguez (1,96 m, 28 ans), auteur d’une très grosse saison. Et s’agissant d’un américain, c’est un choix fort. On a toujours Benjamin Sene (1,88 m, 30 ans) sous contrat. Lucas Fischer aussi. Donc on ne repart pas d’une feuille blanche.

Être compétitif « sur tous les tableaux »

Avez-vous des contacts avancés avec certains joueurs ? Visez-vous de poursuivre avec une ossature de JFL ?

Desi Rodriguez Nanterre
Desi Rodriguez va poursuivre l’aventure à Nanterre jusqu’en 2026 (photo : Julie Dumélié)

Le marché est compliqué. Et à cette période de l’année, les tarifs sont trop élevés pour nous. Il nous faut continuer de scooter et d’être patients. Pour moi le mot d’ordre c’est vraiment la patience. Après on aura la chance de disputer l’Europe l’an prochain, grâce à nos bons résultats de l’année écoulée, ce qui constitue un vrai argument en termes de recrutement donc on verra. Mathis Dossou-Yovo (2,06 m, 23 ans) et Brice Dessert (2,12 m, 21 ans) faisaient partie des cibles prioritaires du club, mais ils ont signé ailleurs. C’est le jeu. On va continuer de cibler de jeunes joueurs avec une marge de progression. De jeunes JFL si possible aussi. En espérant y arriver, car il y a la réalité économique, la concurrence. Nous verrons quelles seront les opportunités qui s’offrent à nous.

Vous avez terminé treizièmes en 2022-2023, cinquièmes cette année, quels sont les objectifs du club pour la saison prochaine ?

Comme chaque année, l’ambition c’est de se qualifier pour la Leaders Cup, ce qui permet généralement de se mettre sur les bons rails en vue du maintien. Et derrière, travailler dans la continuité pour tenter d’atteindre les playoffs. D’autant qu’avec le playdown qui va être mis en place l’an prochain, on va rapidement devoir se mettre à l’abri. Quand tu es à Nanterre, tu essayes d’être compétitif sur tous les tableaux. C’est notre mentalité. Et c’est comme ça qu’on a réussi à faire des résultats extraordinaires. Et ça ne changera pas. Je veux faire en sorte que cette histoire continue de se perpétuer, avec beaucoup de travail et d’humilité. C’est ce qui m’anime. Après il ne faut pas occulter la réalité des choses, parmi lesquelles le recrutement, dont on vient de parler, ou les blessures, qui ont gâche notre saison 2022-2023. On est toujours tributaires des aléas. Mais si on est compétitifs au quotidien, on vivra une grande saison.

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