ITW Isiaha Mike (Bourg) : « Je me suis préparé toute ma vie pour un tel match »
Isiaha Mike et les Bressans sont à une longueur de la finale de l’EuroCup
Isiaha, vous avez connu des centaines de veille de match dans votre carrière (entretien réalisé mardi matin, ndlr). Celle-ci est-elle plus particulière que les autres ? Êtes-vous face au plus grand match de votre vie, jusqu’ici ?
Bien sûr. Je me suis préparé toute ma vie pour des moments comme cela. On travaille pour vivre des rencontres comme celles-ci, ou comme celle d’Istanbul, dans une telle ambiance. Alors oui, ce match signifie énormément pour nous tous. Je dirais effectivement que c’est le plus grand de ma vie : on a une chance d’aller en finale de Coupe d’Europe et d’écrire l’histoire de notre club, tout en se faisant un nom, nous, en tant que joueurs.
Vous avez forcément disputé d’autres matchs cruciaux avant. Lesquels avez-vous en tête ?
J’ai joué des finales lors des deux derniers étés au Canada (perdue en 2022 avec les Scarborough Shooting Stars, gagnée en 2023, ndlr). Je pense également à des derbys ou à des matchs où il fallait se qualifier pour les playoffs. Je pourrais aussi citer notre série contre la JDA Dijon en quart de finale l’an dernier : je n’ai pas joué mais on pouvait voir qu’il n’y a rien de comparable aux playoffs. Nos victoires contre Monaco à Ékinox ou en Leaders Cup aussi : il y a des contextes qui font que certains matchs sortent du lot. Celui de mercredi fera sans aucun doute partie de ceux dont je me souviendrai.
« Je me suis approché de l’ambiance d’Istanbul lors de la Summer League NBA »
Quel est votre regard sur la série pour l’instant ? 1-1 est-il un score logique ?
Plutôt, oui. Les deux premiers matchs ont été de vrais combats et il n’y a aucune raison pour que ce ne soit pas le cas lors de la belle. Après la défaite en Turquie, on a travaillé en vidéo et on sait ce qu’on doit faire pour gagner. Mais il y a une différence entre savoir quoi faire et le faire en vrai.. Alors j’espère qu’on y arrivera !
Considérez-vous la défaite à Istanbul comme une opportunité gâchée ?
Non, je ne crois pas dans le concept d’opportunité gâchée. On apprend même dans les défaites. Il est évident qu’on aurait aimé gagner mais le Besiktas a fait un excellent match. Ils étaient concentrés, prêts à se battre. On a perdu trop de ballons et on s’est fait manger aux rebonds : c’est dur de remporter un match en donnant 36 possessions supplémentaires à l’adversaire… On ne sous-estime pas du tout le Besiktas, c’est une équipe extrêmement dure donc on s’attend de nouveau à une grosse bagarre.
Aviez-vous déjà vu quelque chose de semblable à l’ambiance du Sinan Erdem Dome vendredi ?
Non. Je m’en suis approché lors de la Summer League NBA l’an dernier. Je jouais avec les Warriors contre les Kings, à Sacramento : c’est une sorte de derby en Californie et une rivalité s’était créée lors des playoffs avec l’élimination de Sacramento par Golden State. Quand on est arrivé, il y a 14 000 personnes qui se sont mises à nous siffler. C’était fou, on avait l’impression de faire partie de la vraie équipe NBA (il rit). Mais rien de comparable à ce qu’on a vu à Istanbul la semaine dernière… C’était complètement dingue : les gens gueulaient, jetaient des choses sur le terrain, avaient de vrais sifflets. Je n’ai jamais vu une ambiance aussi hostile dans ma vie. C’était vraiment dingue.
« Risacher et Benitez travaillent sans relâche »
Avez-vous entendu ce que Dusan Alimpijevic, le coach de Besiktas, a dit après le match ?
Non…
Que la JL Bourg était un peu trop à l’aise lors du premier match, car il n’était pas couperet, et que cela risque de changer avec le contexte d’un match Do or Die ce mercredi…
(il rigole) Je pense qu’on a abordé tous nos matchs de la même façon. On est allé à Istanbul pour gagner mais je pense que l’ambiance nous a tous un peu déstabilisés et nous a sortis du match, on n’avait jamais rien vu de tel. Mais notre équipe a beaucoup de confiance : on a bien joué cette saison, on s’est uniquement concentré sur nous. Avec tout le travail que l’on a entrepris depuis l’été et tout ce que l’on a construit ensemble, on va arriver avec le même capital confiance que lors de n’importe quelle rencontre. Il n’y a pas de question d’être un peu trop à l’aise ou pas, on aborde tous les matchs de la même manière.
Certains de vos jeunes joueurs, comme Zaccharie Risacher et Hugo Benitez, connaissent de vraies difficultés dans cette série… Est-ce votre rôle de leader de leur parler, de les maintenir en confiance avant la belle ?
Ce sont des joueurs qui manquent un peu d’expérience dans des moments comme cela. Vous m’avez demandé si c’était le plus grand match de ma vie : eh bien, je suis sûr que c’est le plus grand match de leurs jeunes carrières (il rit). Cela permet de se forger un vécu, on est tous passé par là dans nos parcours. Parfois, on se retrouve un peu dans le creux… (il s’interrompt) Peu importe leurs situations, ces deux gars travaillent sans relâche. Actuellement, il est 10h du matin (mardi), on n’a pas entraînement avant 11h et Zacch’ et Hugo sont déjà à la salle en train de bosser sur leur jeu ou de faire des soins. Il faut qu’ils se souviennent qu’ils travaillent dur pour cela et que c’est juste un match comme un autre. Ils se préparent tous les jours depuis le début pour ça. Peu importe la magnitude de la rencontre, peu importe la médiatisation, peu importe l’ambiance, ça va aller… Que l’on gagne ou que l’on perde, c’est une façon d’apprendre afin d’être mieux préparé la prochaine fois. S’ils ont confiance en la façon dont ils se sont préparés, ça va le faire.
« Si la JL Bourg a l’opportunité de jouer en EuroLeague, ce serait génial pour le club »
Quelles seront les clefs de la belle ? Les balles perdues et les rebonds offensifs, tout ce que vous n’avez pas bien fait à Istanbul ?
C’est ça. Prendre mieux soin du ballon et se battre un peu plus sous le cercle. Ils ont des intérieurs très performants au rebond offensif, on ne pourra pas attraper tous les rebonds défensifs, ils vont nous en piquer certains, mais tout l’enjeu sera de ne pas se faire dominer comme la dernière fois. C’est assez basique : il faudra jouer notre jeu, contrôler le ballon et se battre un peu plus au rebond. Et je crois qu’on s’en sortira avec la victoire !
Vous avez joué ce week-end contre la JDA Dijon. Le Besiktas a lui reporté son match. Est-que cela peut être un facteur ?
Ça peut l’être ! On ne le saura qu’après. Mais c’est le lot des équipes d’EuroLeague d’avoir deux matchs européens en une semaine et de jouer le week-end en championnat. Ça peut aussi nous servir d’ajustement. Battre Dijon malgré la fatigue était un vrai défi mais on a pu avoir, depuis, le repos dont on avait besoin, il nous reste une journée pour peaufiner les derniers détails. On verra… Peut-être qu’ils se sont un peu trop reposés, peut-être que c’est eux qui sont maintenant trop à l’aise car ils ont profité de toutes les douceurs d’Istanbul sans avoir de match à jouer (il rit).
Bourg-en-Bresse est une très petite ville et ressemble à un Petit Poucet au milieu d’un plateau de géants. Paulius Motiejunas, le PDG de l’EuroLeague, a déclaré à L’Équipe qu’il ne voyait pas la JL comme un « possible membre à long terme ». Est-ce aussi une question de fierté, pour vous, d’aller à l’encontre de cela sur le terrain ?
On ne pense pas trop à cela, non. On n’a pas vraiment le ticket EuroLeague en tête, on veut juste gagner. Si la JL Bourg peut avoir l’opportunité de jouer en EuroLeague, ce serait génial pour l’avenir du club. Ce sera notre honneur à nous d’avoir permis cela. On se concentre juste sur le terrain et on laissera ce problème là à la direction.
« Ça faisait des années que j’attendais une opportunité comme celle-ci »
C’est votre deuxième saison à Bourg-en-Bresse et on a l’impression que vous n’avez jamais été aussi confiant qu’en ce moment…
Cela fait quelques saisons que je suis en mesure de montrer progressivement un peu plus l’étendue de ma palette de jeu. Pouvoir jouer chez moi, au Canada (MVP de la finale de CEBL l’an dernier, ndlr), m’a vraiment permis de prendre confiance dans ma capacité à être une menace offensive, à être le joueur qui peut tout faire. Mais oui, mon rôle a augmenté cette année à Bourg, avec les mouvements de l’intersaison. Ça faisait des années que j’attendais une chance comme celle-ci, de pouvoir montrer ce que je sais faire sous de tels projecteurs. Pour l’instant, tout se passe magnifiquement bien. J’en suis très reconnaissant.
En quoi le Isiaha Mike d’aujourd’hui est différent de celui qui a débarqué pour la première fois à Bourg-en-Bresse en août 2022 ?
Je dirais que je suis plus mature. Mes qualités sont sensiblement restées les mêmes, peut-être que je suis quand même un meilleur défenseur… C’est juste que j’ai plus de marge de manœuvre en attaque et que je peux enfin montrer qui je suis vraiment. Dans mes clubs précédents, mon rôle n’avait jamais été aussi important. Je me contentais des choses simples : j’étais un slasher, utilisé aussi en catch and shoot ou au rebond offensif. Mais ici, vu que mon rôle a augmenté, j’ai dû assumer plus de responsabilités.
Vous avez seulement 26 ans. Cela vous prouve que vous pouvez prétendre à l’EuroLeague ?
Oui. Jouer au plus haut niveau possible a toujours été mon rêve. Que ce soit en EuroLeague, en NBA, peu importe, si je peux subvenir aux besoins de ma famille grâce à ma passion au plus haut niveau possible, j’en serais heureux.
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